“L’IA générative a complètement transformé mon workflow”

Laurie Zingaretti, directrice artistique au sein de l’agence Adrénaline, compte plus de 10 ans d’expérience dans le domaine du design graphique.

Depuis deux ans, elle mène également une veille et des recherches techniques sur les IA génératives et leur application dans son domaine.

Une agence présente à chaque étape du parcours client

Adrénaline a plus de 30 ans d’expérience dans le marketing ! Comment réussissez-vous à garder la tête froide dans un secteur aussi évolutif ?

Laurie Zingaretti : Adrénaline est une agence spécialisée dans le marketing depuis 30 ans, ayant débuté dans ce domaine. Nous veillons à avoir un impact à chaque étape du parcours client. Nous accompagnons les entreprises dans la conception de leur stratégie de communication en nous basant sur cinq piliers principaux :

  • Le marketing : relationnel, opérationnel, digital, et récemment l’automatisation.
  • La publicité : élaboration de stratégies de communication personnalisées, marquantes et percutantes pour dynamiser les marques.
  • Le branding : création d’une identité de marque forte, cohérente et engageante, avec un travail approfondi sur la raison d’être, le logo et la charte graphique.
  • Le digital : de la conception d’un écosystème numérique à la mise en œuvre de différents leviers (site web, SEO, réseaux sociaux).
  • L’IA : création de visuels par IA, de personnages récurrents et d’influenceurs virtuels, retouche d’images, production de vidéos publicitaires, gestion de contenu pour les réseaux sociaux et les blogs, ainsi que la planification éditoriale via ChatGPT

Grâce à notre expertise multidisciplinaire, nous aidons nos clients à se démarquer et à s’adapter aux évolutions constantes du marché, tout en restant fidèles à leur identité et à leurs objectifs.

Quels atouts offre une petite équipe comme la vôtre face aux grandes agences ?

Laurie Zingaretti : Adrénaline est constituée d’une équipe de 10 personnes, ce qui fait de nous une agence à taille humaine. Cette dimension favorise une excellente ambiance de travail, où chacun se connaît bien, permettant des échanges fluides et naturels.
Grâce à cette proximité, nous nous ouvrons à un terrain créatif plus vaste et explorons de nouveaux leviers d’action. L’intégration de l’IA nous permet d’accompagner nos clients de manière encore plus ambitieuse. Notre seule limite est la créativité.

L'intégration de l'IA nous permet d'accompagner nos clients de manière encore plus ambitieuse

Vous parlez de transformation avec l’IA. Concrètement, comment cette technologie change-t-elle votre manière de travailler au quotidien ?

Laurie Zingaretti : L’IA représente un enjeu majeur et nous sommes en pleine transformation à ce sujet. Elle occupe une place centrale dans nos discussions et nos projets. À l’agence, nous sommes convaincus que l’IA va profondément transformer notre domaine. C’est pourquoi nous investissons tous les moyens nécessaires pour expérimenter cette nouvelle technologie et en explorer pleinement le
potentiel !
À titre personnel, l’IA Generative a complètement transformé mon workflow. Il y a des projets personnels que je peux faire par IA sans me servir d’Adobe. Il y a une qualité de rendu qui peut être publié sur les réseaux sociaux. Certains workflows dans mes projets personnels sont facilement accessibles pour un chargé de communication. Aujourd’hui, j’intègre l’IA Gen dans la retouche photo, la vidéo, la création de visuels et de fonds, la génération de contenu texte. Elles ont chacune leurs particularités, leurs avantages, que d’autres n’ont pas. Il faut donc les combiner entre elles pour avoir le meilleur résultat possible. J’ai commencé à intégrer les IA Gen dans mon workflow en novembre 2022, petit à petit, surtout dans des projets personnels, car les résultats n’étaient pas assez probants pour pouvoir être utilisés de façon professionnelle. Aujourd’hui, elles sont devenues un outil de conception au même titre que mes logiciels Adobe.

Quelles sont les difficultés que vous rencontrez aujourd’hui ?

Laurie Zingaretti : Dans notre domaine d’activité, nous évoluons dans un environnement en perpétuel mouvement, notamment avec l’essor de l’IA générative, qui progresse sans cesse. Cela exige une formation continue. C’est aussi l’un des attraits de notre métier : la possibilité d’imaginer et de mettre en place des dispositifs innovants et percutants, sans être limités par des contraintes techniques.
Cependant, en observant les résultats de l’Observatoire, on constate que ces dispositifs novateurs deviennent de plus en plus difficiles à soutenir, tant pour l’agence que pour les annonceurs, en raison de budgets toujours plus restreints. C’est un défi majeur : il nous faut convaincre nos clients que la communication est essentielle à leur marque et qu’il est crucial d’y allouer un budget suffisant.

Il nous faut convaincre nos clients que la communication est essentielle, et qu'ils doivent y allouer un budget suffisant

Création et éthique à l’ère des intelligences artificielles

Avec la montée en puissance de l’IA, comment faites-vous pour rester créatifs et pertinents en tant que designers ?

L’IA présente plusieurs enjeux. Tout d’abord, sur le plan technique, il est essentiel de trouver la meilleure IA du moment, sachant que ce domaine évolue rapidement : le leader d’aujourd’hui ne sera pas forcément celui de demain. Il est également crucial de savoir les combiner entre elles pour obtenir les meilleurs résultats, tout en les intégrant de façon pertinente à notre workflow actuel. Il faut se poser la question de comment aller plus loin grâce à l’IA générative et comment l’adapter à notre workflow sans perdre en qualité dans le rendu final.
Aujourd’hui, on observe sur les réseaux sociaux que de nombreuses personnes produisent du contenu de qualité avec l’IA, sans être designers. Cela nous amène à réfléchir : en tant que designers, quelle est notre valeur ajoutée dans ce contexte ? 

L’éthique de l’IA est un sujet brûlant. Comment Adrénaline garantit-elle la sécurité des données de ses clients tout en utilisant ces technologies avancées ?

Nous disposons de données clients qui alimentent les IA, mais qu’advient-il de ces données ? Peuvent-elles être réutilisées ?À l’agence Adrénaline, nous utilisons des IA locales, en parallèle des IA grand public. Cela nous permet de personnaliser les modèles selon les besoins de nos clients, de traiter leurs données de manière confidentielle et sécurisée, et d’utiliser nos propres ressources matérielles pour faire fonctionner ces IA.

De nombreuses personnes produisent du contenu de qualité grâce à l'AI : en tant que designers, quelle est notre valeur ajoutée ?

Quels conseils donneriez-vous à un jeune communicant qui débute aujourd’hui dans un monde où l’IA bouleverse les codes de la créativité ?

En tant que designer, je pense qu’il est essentiel d’être présent sur tous les fronts créatifs : web, vidéo, print, tout en sachant s’adapter à une grande diversité de sujets. Notre rôle ne se limite pas à la production de designs. Nous devons également comprendre le sujet, le client, son histoire, et être capables de participer à l’élaboration d’une stratégie autour de chaque projet. Il est crucial d’apporter à chaque réalisation notre expertise professionnelle mais aussi notre identité.
Je suis convaincue que les créatifs ne sont pas voués à disparaître. Je pense qu’il y aura peut-être moins d’embauches, comme avec l’arrivée de la PAO, mais les designers de demain devront avoir une vision plus large dans leurs spécialisations. Aujourd’hui, il y a des designers spécialisés en Web, d’autres en vidéo ou encore en 3D. L’IA va venir faciliter certaines étapes dans ces domaines et faire tomber quelques barrières techniques. On peut, par exemple, grâce à elles, générer des personnages, les animer et les faire parler. Il restera, bien sûr, des effets spéciaux, du motion design à ajouter de façon traditionnelle pour rendre la création plus vivante et originale, mais c’est là que l’expertise du
designer sera primordiale.

Ce sentiment de crainte et la conviction de la disparition de nos métier poussé par l’IA : mythe ? Réalité ?

Je peux comprendre ces personnes qui ne veulent pas se lancer dans l’IA et rester dans le traditionnel. Ce qui est trop souvent dit, c’est qu’avec l’IA, “il suffit d’appuyer sur un bouton”. Ce n’est pas vrai. Quand on crée avec l’IA, ce n’est pas générer une création en 5 minutes. C’est de la recherche de prompt, faire des tests, trouver des mots-clés, trouver la bonne IA pour le rendu que l’on souhaite, il faut intervenir sur les rendus, régler le son, la colorimétrie, etc. Ce sont de petites choses qui ne se voient pas forcément. Travailler avec l’IA fait, certes, gagner du
temps dans certaines tâches redondantes, mais parfois on met autant de temps qu’avec la méthode traditionnelle, c’est une nouvelle façon de travailler. Enfin, l’IA est meilleure quand on l’utilise avec une expertise de base et des angles de vue propres à l’humain.

On dit qu'il suffit d'appuyer sur un bouton avec l'IA ? Parfois, on met autant de temps qu'avec la méthode traditionnelle

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