“Les agences sont en recherche perpétuelle d’opportunités nouvelles, au détriment parfois de la fidélisation”

Maryline Humetz est déléguée régionale Hauts-de-France de l’AFDAS, l’un des OPCO (opérateurs de compétences) des métiers de la communication et du marketing. Dorothée Podemski y est conseillère emploi formation, en charge de l’accompagnement et du conseil aux entreprises sur leurs projets de formation et l’embauche d’alternants

L’opérateur de compétences de 470 000 professionnels en Hauts-de-France

Pourriez-vous nous présenter brièvement l’AFDAS et ses principales missions ?

L’AFDAS est l’opérateur de compétences (OPCO) de la culture, des industries créatives, des médias, de la communication, des télécommunications, du sport, du tourisme, des loisirs et du divertissement. Nous avons la particularité d’être le seul OPCO à accompagner les logiques individuelles : les évolutions de carrière des intermittents du spectacle, les journalistes pigistes de la presse écrite, les artistes auteurs, les sportifs de haut niveau, sportifs professionnels.

L’AFDAS accompagne également les salariés saisonniers du Tourisme et du divertissement. Nous proposons, dans le cadre d’un appui conseil carrière, de faire un bilan de la situation professionnelle, développer ou faire reconnaître les compétences, préparer l’évolution professionnelle des salariés des branches en mutation comme par exemple le loisir, le spectacle vivant ou encore les salariés de la publicité.

Quelles sont les spécificités de l’accompagnement que vous proposez aux entreprises des Hauts-de-France ?

En région Hauts-de-France, L’AFDAS accompagne 61 150 entreprises adhérentes, ce qui représente 470 000 professionnels, y compris les structures primo-employeuses embauchant des alternants.
Nos trois grandes missions à l’AFDAS :

  • observateur prospectif des métiers et veilleur stratégique des grandes tendances de formation, des habitudes formatives et des pratiques de recrutement
  • ingénieur et designer de parcours emploi-formation avec le développement d’une offre de services “prêt-à-porter” et sur mesure via des expérimentations de projets innovants
  • financeurs de projets emploi-formation et de prestation de conseil en RH via un processus d’optimisation financière

Quels sont les secteurs les plus friands d’alternants en Hauts-de-France ?

Dans la région, c’est le secteur du sport est le plus gros employeur d’alternants à l’AFDAS. Sur le podium des formations les plus sollicitées dans le cadre de contrats d’alternance, on retrouve pour les deux premières places, des formations en lien avec l’encadrement sportif. La troisième place concerne les diplômes autour du marketing et la communication parce qu’ils sont transverses et communs à nombres d’entreprises.

Les étudiants en marketing et communication sont sur le podium des alternants les plus demandés dans la région

Comment l’intelligence artificielle bouleverse-t-elle les besoins en formation dans les secteurs que vous couvrez ?

En regardant les données de 2023, dans la branche de la publicité en Hauts-de-France, on remarque une croissance des formations dans l’IA, plaçant ce secteur comme N°1 en termes de formation de ses salariés sur ce thème. Les formations sur l’IA pour les salariés en poste en Hauts-de-France ont été dispensées par des organismes de formation extérieurs à la région, notamment de Paris.
Un marché de la formation s’ouvre donc pour des organismes de formation en Hauts-de-France, sur des formations adaptées aux besoins des entreprises en matière d’intelligence artificielle.

Quels sont les besoins spécifiques les plus mentionnés autour de l’IA ?

On retrouve comme thématiques de formations : art du prompt, maîtrise de l’IA générative, introduction à l’IA, booster le graphisme et la productivité, IA et automatisation, accompagner les entreprises dans leur transformation digitale.

La dynamique de croissance des formations à l’IA est encore plus forte sur 2024 avec des formations IA en vidéo, son et image. De plus, une nouvelle tendance se dégage sur la sécurité informatique et juridique autour de l’utilisation de l’intelligence artificielle. Les métiers de la com’ et du marketing ont été touchés plus rapidement. De ce fait, ils ont potentiellement une petite longueur d’avance.

La sécurité informatique et juridique relative à l'IA : une tendance émergente dans les besoins de formation

Qu’est ce qui vous a le plus marqué dans les résultats de cette nouvelle édition de l’Observatoire ?

Côté emploi, il y a un nouveau rebond de l’alternance après plusieurs années de baisse ce qui est très positif. Nous sommes en revanche interpellées par le fait que les recrutements soient ressentis comme difficiles. L’alternance est l’un des meilleurs moyens de recruter, fidéliser, se former et évoluer dans l’entreprise. On cherche de l’opérationnel.
Mais face à une obsolescence très rapide des compétences techniques, le but du jeu est d’avoir les personnes les plus ouvertes en termes de curiosité, d’adaptabilité, de pratiques de recherche de l’information, de pratiques d’autoformation.

Et concernant le focus de l’enquête sur l’intelligence artificielle ?

On voit bien une émulation autour des métiers liés à l’IA. L’audiovisuel et la publicité se retrouvent fortement impactés. En Occitanie, une région dont les dynamiques sont très proches de celles des Hauts-de-France, l’AFDAS a mené une étude sur l’IA dans ces métiers, et on remarque deux typologies d’entreprises : les réfractaires et ceux qui vont de l’avant. On ne peut pas faire autrement, notre rôle est de sans cesse s’adapter pour accompagner ces mutations. Il y a de nouveaux métiers qui arrivent et des compétences qui vont se développer : programmateurs spécialistes de l’IA, prompt ingénieur, vérificateurs, par exemple.

Il y a de nouveaux métiers et des compétences qui vont se développer

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